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S’installer dans le vignoble

Posted by BeauSoleil on
Terrain
S’installer dans le vignoble

Des maraîcher-e-s dans le vignoble, c’est encore atypique. La preuve, la mairie n’est pas encore tout à fait calée concernant les questions sur les règles d’urbanismes liées aux tunnels maraîchers… Mais ça va venir, car de nombreuses parcelles sont à reprendre !

Le terrain d’installation: les parcelles ont accueilli de la vigne mais ne sont pas à proprement parler des “terres à vigne”. Sur cette zone, les terres “originelles” de polyculture-élevage ont accueilli de la vigne à l’âge d’or du vignoble, avant que cette zone ne soit déclassée de l’appellation Muscadet, ce qui a contribué à sa mise en vente. Il y a depuis une déprise massive du vignoble. L’ensemble des communes du vignoble a perdu 3 184 hectares en 4 ans. Cette diminution s’est accélérée entre 2009 et 2012 avec une perte de 13,5 % de sa surface en 4 ans et 430 hectares arrachés chaque année (Source: Terres en vie) ce qui signifie des milliers d’hectares disponibles ! Avis aux candidats à l’installation donc… mais quelques caractéristiques sont à prendre en compte pour ces terrains.

  • Morcellement

Les terres de vigne ont pu échapper au remembrement des terres. Elles sont encore constituées de foultitude de petites parcelles. Ainsi sur notre zone d’implantation, nous avons une quinzaine de voisins à contacter pour le bornage en comptant les exploitants et propriétaires !

  • Enclavement

Du fait de ce morcellement, il est fort possible de se retrouver enclavé(e) entre des productions de pratiques différentes. Nous avons comme voisins des viticulteurs bio, raisonnés et conventionnels.

  • Bornage

Délimiter les contours et donc limites de ses parcelles peut s’avérer fastidieux (de nombreux voisins sont à convoquer au bornage) et il y a autant de règles de délimitations que d’exceptions…

  • Faible qualité agronomique

Terres de vigne égal sol acide (sauf chez nous d’ailleurs), faible vie du sol et faible présence de micro-organismes et biodiversité. Il faut donc notamment entamer une régénération du sol et le semis d’engrais verts et chaulage (épandage de granulat) font partie des méthodes préconisées.

  • Pollution potentielle

Vérifier l’absence de métaux lourds dans le sol (notamment le cuivre résiduel de traitement de la vigne à la bouillie bordelaise). Nous avons fait deux analyses de sol (méthode Herody et analyse chimique) pour les parcelles afin de s’assurer qu’elles sont bien cultivables. Il reste étonnant que chacun puisse s’installer et produire sur des terres polluées sans avoir l’obligation de recherche des polluants ?

  • Nettoyage

Partie optionnelle et cerise sur le gâteau. Si comme nous vous récupérez des terres de vigne soi disant déplantées et que le travail n’a été fait qu’à moitié. Vous vous retrouvez avec une parcelle pleine de ceps et culées à retirer. L’arrachage nécessite un équipement technique car on n’en vient pas à bout à la main ni à la pioche !

Pour faciliter l’installation des porteurs de projets, une association s’est créée sur le territoire : Terres en Vie. Créée en début d’année, son objectif est de répondre à un défi de taille : la reconversion des terres de vigne face à la déprise du vignoble. Durant l’hiver 2014, une réflexion locale s’est mise en place autour du constat de crise du vignoble. Des groupes de travail se sont constitués et la dynamique réunit aujourd’hui des agriculteurs, porteurs de projet, citoyens, membres d’associations environnementales (LPO, Terre de Liens, CAP44 et Confédération Paysanne) et élus. L’objectif collectif est désormais de finaliser le diagnostic territorial pour répertorier les parcelles locales en friche, les nettoyer, les régénérer, remettre de la biodiversité en place et accueillir des porteurs de projets.

C’est une initiative intéressante de démocratie participative, collective et concertée. Son objectif est à la fois environnemental par la régénération des terres, de leur qualité, de leur biodiversité et également à vocation sociale pour redynamiser la ruralité, l’agriculture, les emplois, les liens entre paysans et habitants.